Can I Kick It ? Les soirées les plus hip-hop du moment !

Comment ça, vous ne connaissez pas les soirées Can I Kick It ? Non, ce n’est pas du tout un truc de hispter 100% parigot. Ce sont des soirées qui ont lieu dans TOUTE la France avec des Mc’s plus ou moins connus mais réunis par la même envie de kicker l’instru. Comme la 1ère soirée a lieu ce vendredi à Paris, je suis allée voir une moitié de l’organisation (l’autre, ce sont les géniaux et trop gentils membres de MPC Prod) : les membres du groupe de rap Triptik (dont j’avais déjà parlé ICI). Et je leur ai demandé de nous présenter un peu cet évènement hors norme qui va fêter ses 1 an : Battle ? Concert ? Pures Performances

Parfois, les images parlent mieux que les mots alors, pour info, La Can I KIck It, c’est ça :
Can I Kick It ? Annecy

Et pour ce qui est de la performance, ça peut donner ça, par exemple, avec Flynt, un de mes derniers coup de coeur :
CAN I KICK IT ? #3 – Freestyle / Flynt

Vous avez envie d’en savoir plus ? Voici donc la présentation du projet par les membres fondateurs du truc, ces messieurs de Triptik !

De quelle drôle d’idée est née la Can I Kick It ?
Triptik : On voulait refaire un concert Triptik à Paris mais on avait pas d’actu, on se disait que ça serait cool de faire un concert avec pleins d’invités, ça faisait longtemps qu’il n’y avait pas eu un plateau rap français.
Au départ on ne devait être que 3/4 groupes à partager la scène, mais de fil en aiguille ça s’est transformé en grand Chelem. A cette période, beaucoup de nouvelles têtes émergeaient et les gars de notre génération étaient stimulés par ce nouveau phénomène. Il fallait donc réussir à les réunir sur une même scène. On se disait que cette formule serait forcément intéressante pour le public comme pour les artistes… On n’a pas été déçus du résultat. On est même assez fiers d’avoir réussi notre pari
.

D’où vient cette expression ?
Triptik :
Du célèbre titre de A Tribe Called Quest « Can I Kick It ? »

Quel est le concept, exactement ?
Triptik :
Mélanger des rappeurs français de tous horizons, des rookies, des anciens, des inconnus et des têtes d’affiches.
Essayer de trouver un bon équilibre dans le line up en proposant un plateau éclectique et riche en surprises.
Partager la scene de minuit à 6h de mat dans un grand bordel organisé.
Pour promouvoir l’événement on a décidé de faire une série de vidéos teaser, dans lesquelles chaque participant se présente en 8 mesures.
Ces freestyles ont largement participé au succès des Can i Kick It?

La toute première, vous l’avez faite avec quels artistes ? Ca s’est passé comment ?
Triptik :
Dans la première édition, en juin 2011, il y avait bien sûr Triptik, L’Entourage, A2H, Meksa Peal, Cool Connexion, Bon Gamin et Oxmo Puccino et Orelsan en invités surprise.

Quel est votre souvenir le plus ouf d’une Can I Kick It ?
Triptik :
L’Entourage avec Jazzy Bazz, Deen Burbigo, Guizmo & co, ils ont débarqué à 15 sur scène et le public était bouillant, c’était une des premières fois que les fans voyaient l’Entourage sur scène, ils étaient au top de leur buzz, c’était très chaud !
L’ouverture de la soirée par Oxmo est aussi un très bon souvenir.

Ou le public est-il le plus chaud ?
Triptik :
Pour l’instant c’est à Paris mais Annecy s’est très bien défendu aussi !

Comment- voyez-vous la Can I Kick it dans 10 ans ?
Triptik : Je pense que, dans 10 ans, on sera passé à autre chose. Toutes les bonnes choses ont une fin !

La lise des soirées, c’est par là !

Joey Bada$$, retour vers le futur

Il n’avait que six ans en 1999. Rein à fout’, Joey Bada$$ a tout de même sorti un projet gratos qui s’inspire des beats de cette année-là. Pas vraiment nostalgique, le tout jeune new-yorkais, surfe avec classe sur la vague « back in the days » du moment, avec son équipe de minots à peine sortis du lycée. Les 1995 ricains ? Pas vraiment…

Cette année, il était difficile de passer à côté d’A$AP Rocky, Kendrick Lamar ou Tyler, The Creator… et Joey Bada$$ ! Les comparaisons sont assez faciles entre ce jeune rookie et certains de ses contemporains. Leader d’un collectif appelé Pro Era (ou The Progressive Era), qui rassemble des rappeurs mais aussi des producteurs, des graphistes, des designers et des ingénieurs du son, Joey a un petit air de Tyler et son groupe fait indéniablement, penser à OFGWKTA. Mais la comparaison s’arrête très vite à l’âge et au nombre de ses potes talentueux. Bien moins barré et crapoteux que Tyler, le très jeune MC regarde lui plutôt en arrière. Tout a commencé en juin dernier avec un projet commun de tout le groupe, au nom très judicieusement trouvé : The SECC$ TAP.E. Une mixtape de dix titres créée avec ses potes Capital STEEZ, CJ Fly, T’nah, Dessy, A La $ole, Dyemond Lewis et Kirk Knight, qui empruntait autan à A Tribe Called Quest qu’aux Fugees ou à Drake (à écouter entre autres sur http://www.youtube.com/user/PROfckingERA).

Joey BADA$$ – upDate (prod. by Kirk Knight)

Flow lancinant et maîtrisé, Joey fait tout de suite la différence. Tout naturellement, dans ce monde musical de l’immédiat, le petit nouveau de Brooklyn ne met pas plus d’un mois à sortir son projet solo. Ca s’appelle donc 1999 et l’esthète n’offre que des prods et des face-b de MF Doom, J-Dilla, Lord Finesse, Static Selektah ou Lewis Parker. Le 1er single, Survival Tactcs, a mis une grosse claque à tout le monde. Une production aux petits oignons, un débit ultra fluide et une assurance à faire vasciller tous les autres rappeurs du moment.

Joey Bada$$ x Capital STEEZ – Survival Tactics

S’il parle à tous avec ses beats, Joey aborde, dans ses textes, des thèmes bien plus adolescents. Sur FrombaTomb$, il rappe “F*ck Trigonometry…” et sur Daily Routine, “These bloggers too emotional…” Mais qu’importe la temporalité de ses lyrics, la qualité du rap touchera tous les âges. Autre exemple de son talent qui n’en est qu’à ses prémisses : Hardknock, plus street et torturé et toujours aussi impressionnant dans la technique.

Joey Bada$$ (feat. CJ Fly) – Hardknock (prod. Lewis Parker)

Le rap new-yorkais rajeunit et les dignes héritiers du Wu Tang Clan pourraient bien s’appeler les Pro Era !

Danny Brown, le nouveau sale gosse de Detroit

Dans la famille des sales gosses du rap, je demande Danny Brown. Rien à voir avec James (si ce n’est un goût assez prononcé pour la coupe de cheveux toute moisie) si ce n’est une énergie imparable et communicative. Le rappeur de 31 ans n’est pas un jeunot même si sa fraîcheur rappelle les dernières belles découvertes du rap ricain, de A$AP Rocky à Clyde Carson en passant par Joey Bada$$ (dont je vais bientôt vous parler). La particularité de Danny ? Un petit côté oldies à la A Tribe Called Quest et une efficacité jouissive à la Pharcyde.

Comme toute bonne fan de musique que je suis, j’adore qu’on me fasse découvrir de nouvelles têtes ! « Il n’est pas de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre » alors moi, j’ouvre tout le temps mes oreilles aux suggestions des autres. C’est mon poto Florent de MPC Prod, grand dénicheur de nouveaux talents devant l’éternel, qui m’a parlé de cet hurluberlu de Danny Brown qu’avait déjà cité Drixxxé des Triptik dans sa playlist de Brain Magazine. Forcément, j’ai commencé par le plus récent, à savoir son génial clip de Grown Up (réalisé par Greg Bunkalla), dans lequel un mini Danny revient sur l’enfance du grand Danny avec humour et décalage. Un beat bien oldschool, un flow qui glisse sur des sons un peu funky et une mise en scène léchée. Forcément, on ne peut qu’adorer !

Danny Brown – Grown Up

Du coup, j’ai fait un petit « back to the future » et j’ai remonté l’histoire musicale de Danny Brown. Des deux dernières années, le trentenaire aux dents de devant manquantes a balancé pas mal de grosses bombes : Un second album en téléchargement gratuit, XXX, sur le label du canadien A-Trak, Fool’s Gold, avec 19 morceaux aux ambiances hétéroclites, du trés doux I Will au bien rugueux Monopoly et un EP plus expérimental, produit entièrement par le talentueux jeune producteur Black Milk, Black and Brown! A chaque fois, on retrouve ses lyrics très scénarisés, sa passion pour les drogues et l’alcool (passion très partagée par les rappeurs ricains, ces derniers temps, c’est l’aire des pochards) et ce flow testéroné bien comme il faut.

Dernier petit bijou en date, un morceau à télécharge gratuitement sur le compte Soundcloud du magazine Fact. Joie, Sweet.

Danny Brown – Sweet

Et une géniale association, bien déglinguée, avec le producteur Darq E Freaker pour un morceau plein de substances illicites, Blueberry (Pills & Cocaine).

A suivre de très prés, donc !

Mac Miller, ni Eminem ni Asher Roth !

La première fois que j’ai entendu parler de lui, oserais-je l’avouer, je me suis dit : « oh non, pas encore un joueur de basket qui se met au rap ! » Pas de risque, rien à voir avec le géant de la NBA Mike Miller (shame on me)… Ici, on a à faire à un vrai rappeur, de Pittsburgh, blanc (mais on s’en fout un peu de sa couleur de peau, non ?), qui enthousiasme les foules depuis quelques mois avec son flow impeccable, son univers 90’s un peu nostalgique et ses délires d’ados version Skins.

Malcolm McCormick connait bien ses classiques malgré sa toute petite vingtaine d’années. Sur son excellent morceau Party Fifth Avenue, il sample un beat ultra connu ! Celui de Let Me Clear My Throat, l’énorme tube de DJ Kool en 1996, qui l’avait déjà volé à The 45 King sur leur instrumental The 900 Number sorti en 1987. Vous reconnaissez certainement le saxo qui a, ici, été ralenti et retravaillé…

Mac Miller – Party on Fifth Avenue

Mais là, je prends un peu l’histoire à l’envers. Petit flash-back pour présenter le jeune homme….

Gentil gamin de Pittsburgh, qui a partagé les bancs de l’école avec son poto Wiz Khalifa, Mac Miller est un musicien autodidacte qui découvre le rap assez tôt. À 18 ans, Mail sort sa toute première mixtape intitulé K.I.D.S. (Kickin’ Incredibly Dope Shit) qui l’aide à signer avec Rostrum Records, le label, à l’époque, de… Wiz Khalifa ! Suivront quelques 5 autres tapes qui vont créer le buzz autour de ce très jeune homme. Bien dans son temps, il commence à se faire connaitre avec une série de vidéos de mieux en mieux réalisés, balancées sur le net peu avant l’été 2010. Son beat est clairement hip-hop soul avec des influences du côté de Big L, Lauryn Hill, The Beastie Boys, Outkast, A Tribe Called Quest… Mais avec de bonnes grosses touches d’electro-hip-hop comme sur son premier single survitaminé Frick Park Market.

Mac Miller – Frick Park Market

Et sinon, du côté des textes, ça parle de quoi ? Soyons honnêtes, c’est un juste milieu entre un film de Larry Clark et un épisode de la série british génialement glauque Skins. Ça parle de meufs, de cigarettes qui font rire, de skate, de grosses teufs de djeun’s et de grands moments de vide, genre branlitude extrême. Forcément, on pense à Eminem et à tous ceux qu’on a targué injustement de Slim Shady-tude : Orelsan, Asher Roth, Professor Green… C’est vrai qu’on retrouve ici la même fraîcheur, le même sens inné du second degré et la même technique impeccable.

La différence alors ? Béh, justement, c’est dans la même veine mais c’est juste du… Mac Miller ! Si vous aimez le gâteau au chocolat, vous kiffez forcément les Brownies. Hé bien, si vous aimez ce genre d’artiste, vous apprécierez forcément les 16 titre de l’excellent Blue Side Park, 1er album de Mac sorti à la fin de l’année dernière ! Avec, en plus, des morceau bien old school revisités comme ce très bon Under The Weather ou le très coulant Of The Soul. Pour le reste, je vous laisse vous jeter dessus !