Danny Brown, le nouveau sale gosse de Detroit

Dans la famille des sales gosses du rap, je demande Danny Brown. Rien à voir avec James (si ce n’est un goût assez prononcé pour la coupe de cheveux toute moisie) si ce n’est une énergie imparable et communicative. Le rappeur de 31 ans n’est pas un jeunot même si sa fraîcheur rappelle les dernières belles découvertes du rap ricain, de A$AP Rocky à Clyde Carson en passant par Joey Bada$$ (dont je vais bientôt vous parler). La particularité de Danny ? Un petit côté oldies à la A Tribe Called Quest et une efficacité jouissive à la Pharcyde.

Comme toute bonne fan de musique que je suis, j’adore qu’on me fasse découvrir de nouvelles têtes ! « Il n’est pas de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre » alors moi, j’ouvre tout le temps mes oreilles aux suggestions des autres. C’est mon poto Florent de MPC Prod, grand dénicheur de nouveaux talents devant l’éternel, qui m’a parlé de cet hurluberlu de Danny Brown qu’avait déjà cité Drixxxé des Triptik dans sa playlist de Brain Magazine. Forcément, j’ai commencé par le plus récent, à savoir son génial clip de Grown Up (réalisé par Greg Bunkalla), dans lequel un mini Danny revient sur l’enfance du grand Danny avec humour et décalage. Un beat bien oldschool, un flow qui glisse sur des sons un peu funky et une mise en scène léchée. Forcément, on ne peut qu’adorer !

Danny Brown – Grown Up

Du coup, j’ai fait un petit « back to the future » et j’ai remonté l’histoire musicale de Danny Brown. Des deux dernières années, le trentenaire aux dents de devant manquantes a balancé pas mal de grosses bombes : Un second album en téléchargement gratuit, XXX, sur le label du canadien A-Trak, Fool’s Gold, avec 19 morceaux aux ambiances hétéroclites, du trés doux I Will au bien rugueux Monopoly et un EP plus expérimental, produit entièrement par le talentueux jeune producteur Black Milk, Black and Brown! A chaque fois, on retrouve ses lyrics très scénarisés, sa passion pour les drogues et l’alcool (passion très partagée par les rappeurs ricains, ces derniers temps, c’est l’aire des pochards) et ce flow testéroné bien comme il faut.

Dernier petit bijou en date, un morceau à télécharge gratuitement sur le compte Soundcloud du magazine Fact. Joie, Sweet.

Danny Brown – Sweet

Et une géniale association, bien déglinguée, avec le producteur Darq E Freaker pour un morceau plein de substances illicites, Blueberry (Pills & Cocaine).

A suivre de très prés, donc !

Azealia Banks : plus facile à écouter qu’à prononcer…

Si vous voulez vous la pêter un peu en soirée (hip-hop de préférence, en soirée rock, ça marche moyen comme ruse), glissez mine de rien les noms d’ASAP Rocky et d’Azealia Banks (enfin, si vous arrivez à prononcer son nom, déjà, pas facile…), les deux stars montantes du hip-hop US pour 2012. Après vous avoir présenté ASAP, voici donc la toute fraîche Azealia ! 

J’ai découvert cette petite bonne femme au flow acéré en même temps qu’ASAP Rocky et Mac Miller. Parce que cette nana-là est clairement l’avenir du hip-hop ricain. Déjà parce que c’est une meuf et que ça fait bien longtemps qu’on n’avait pas vu une fille porter haut les couleurs du rap. Missy a malheureusement dû prendre sa retraite, victime de la Maladie de Basedow et ses héritières font parfois un peu pitié, à l’image de Nicki Minaj, qui est presque plus fashion victim qu’artiste.

Azealia Banks souffle un énorme vent frais dans la production hip-hop en général et hip-hop féminine en particulier. Petite présentation :  à peine âgée de 20 ans, cette native d’Harlem se fait remarquer très tôt tant par la nature de ses textes que par son look orignal. Élevée par sa mère après la mort de son père, Azealia s’intéresse à l’art et plus particulièrement aux comédies musicales. Très jeune elle intègre l’institut national de la danse, puis la prestigieuse école «Guardia High School Of Music And Art» (école réputée pour avoir accueilli entre autre des élèves comme Robert De Niro, Kelis, Jennifer Aniston ou Nicki Minaj…). Après avoir joué en tête d’affiche de quelques comédies musicales, la jeune prodige plaque tout pour vivre son rêve enregistrer un disque.  Elle se sert alors de Youtube pour se faire connaitre par le plus grand nombre en postant régulièrement ses productions. En 2009, Azealia lâche son 1er maxi Gimme A Chance porté par le titre Seventeen produit par Diplo.

Après une courte pause pendant laquelle ses fans patientent en musique grâce à une reprise d’Interpol du titre Slow Hands et une collaboration sur le EP de Major Lazer. Azealia continue à faire parler d’elle avec son nouveau single 212 feat Lazy Jay en référence à Harlem. Le titre enflamme les clubs du monde entier et connait tout de suite un vrai succès, radios et blogs influents sont unanimes : Azealia Banks est l’artiste à suivre. La preuve, le NME a nommé Azealia Banks « l’artiste la plus cool de l’année » en 2011 !

Azealia Banks feat Lazy Jay – 212

Souriante et pétillante, la belle sait surtout balancer de grosses prods qui « pèguent » comme on dit dans le Sud-Ouest, c’est-à-dire qui collle au bitume, aussi lourde que du goudron qui aurait fondu en plein soleil de plomb. On dirait même du grime ou du dirty tellement c’est lourd, parfois. Et par-dessus tout ça, la jeune femme à la silhouette ultra fine, au sourire ravageur et à l’énergie étonnante, pose un flow ultra rapide, saccadé à la Snoop Dogg des meilleurs moments avec un langage de rue que l’on ne va pas traduire à nos neveux/petites soeurs/enfants de potes.

Azealia BanksL8R

Le dernier morceau qu’elle a balancé, Liquorice, rappelle clairement des morceaux du génial Tasty de Kelis !

Azealia BanksLiquorice

Son 1er EP digital prévu pour le 19 mars en réjouira plus d’un !

A$AP Rocky, le bad boy qui monte, qui monte…


Chaque année du hip-hop porte son lot de jeunes espoirs aux dents plus ou moins longues.A$AP Rocky a les crocs super acérés et pourrait mordre ses collègues jusqu’au sang… Alors qu’il vient de sortir son dernier clip, Wassup, où il se prend gentiment pour Tony Montana, retour sur un phénomène en devenir!

A$AP Rocky – Wassup

En 2011, l’on a donc découvert (enfin, moi, c’est mon pote Silent Hype qui m’a ouvert les oreilles) cet énergumène adepte de gros Blunts (un rappeur qui fume de la drogue, comment c’est trop original !), de Blings, de postures de super méchant Bad boy qui va te défoncer ta gueule sous peu, de poses avec des tas de Billets verts. Les 4 « B » préférés des rappeurs qui se la jouent un peu ! Bref, à l’ouest, rien de bien nouveau.

Alors je me suis penché sur son cas. Parce que, si on a vu passer son nom un peu partout sur les sites de hip-hop ricain (et français), ça devait quand même bien être pour quelque chose ! Côté parcours, toujours pas vraiment de l’inédit. Dés ses 12 ans, le jeune homme originaire de Harlem n’a plus trop vu son paternel, incarcéré pour vente de drogues. Un an plus tard, on continue dans le super joyeux, son frère ainé a été tué juste à côté de chez eux. Celui qu’on avait appelé Rakim en partie en hommage à Eric B. & Rakim se met alors très sérieusement au rap. Un peu bagarreur, il récolte le surnom de Rocky. Grand fan du gangsta rap des années 90 et du groupe de chez lui The Diplomats,  il se lance à fond dans la musique dés l’adolescence, complétant son blaze d’un A$AP pour « Accumulate Status And Power ».

Ça, c’est donc pour la petite histoire. Pour celle de la musique, il déboule au début de l’an dernier avec Get High, apologie de la fumette. Sympa, assez léger, on attend d’écouter la suite…

A$AP Rocky ft. Dee FERG – Get High

En juillet arrive Purple Swag. Le flow est si lent et lancinant qu’on dirait que le Mc a enregistré sous l’emprise de substances illicites.Couillu, quand même, quand on vient de la grosse pomme, de rapper comme un vrai sudiste ! Enfumé, le morceau se traine sur un violon fatigué et fait mal aux oreilles tant il est efficace.

A$AP Rocky – Purple Swag

Débarque ensuite le très bon et plébiscité Peso.

ASAP Rocky – Peso

Le style d’ASAP est confirmé avec sa première mixtape officielle sortie en octobre, LiveLoveA$AP. Le jeune homme aime le rap sous prod’, tout nuageux, super egotrip, qui parle de mecs fonce-dés qui s’éclatent avec des meufs et rêvent de thunes. Ça « motherfuck », ça « thug » et ça « swag » à tout va. C’est du rap un peu dérangé et, même si certains voient en lui une pâle copie de l’excellent Curren$y, ASAP défonce joyeusement tout sur son passage. Les meilleurs morceaux, les plus perchés, étant ceux qu’il signe avec son pote producteur Clams Casino. Comme ce très onirique, version nightmare, Palace.

A$AP Rocky – Palace

En attendant l’album, la tape est en téléchargement gratos. On aurait tort de se priver…