Sexion d’Assaut : les raisons d’une telle Apogée…

Cela fait presque cinq ans que je suis ce groupe novateur de très très près. Les ayant interviewé de nombreuses fois, notamment pour un hors-série du magazine R.A.P. R&B (sorti en pleine polémique, bien dommage), j’ai appris à connaitre ces jeunes rappeurs qui ont géré  leur succès comme des grands. A l’heure du 2nd album, le bien nommé L’Apogée,  qui s’annonce déjà comme une bombe commerciale, une petite analyse s’impose, non ? Allez la Sexion, sur le divan ! 

Les rois du buzz

Rappel de la composition du Wati gang : ils sont 7 MC’s mais bien plus nombreux au total. Le noyau dur, c’est Adams Diallo, Black Mesrimes, Doumams, JR Okrom, Lefa, Maître Gims et Maska, avec L.I.O Petrodollars en membre par intérim. Ces trublions signés sur le label Wati-B ont su créer et faire monter leur buzz dés la sortie de leur premier street album, L’écrasement de tête, en 2009. Le crew avait déjà tout compris en termes de rapport au public. Depuis 2005, les MCs parisiens n’ont jamais laissé leurs fans sans une nouveauté à se mettre sous la dent. 2005 , Le Pacte et La terre du milieu, 2006, Pour ceux qui dorment les yeux ouverts de Gims, 2007, le clip d’Anti-Tecktonik, 2008, Le Renouveau et 2009, Les chroniques du 75 volume 1. Cette dernière tape étant exclusivement publiée sur internet. Un moyen impeccable de fidéliser les fans. Dés 2009, la Sexion créé la sensation sur scène. En effet, qui a vu un concert de rap français en 2009 a forcément croisé en première partie une bonne dizaine d’énergumènes offrant un show d’une énergie rare. Orelsan, Médine, Kennedy et, bien sûr, leur pote Dry, ont donc tous débuté leurs concerts de cette époque-là avec les bondissements de ces rappeurs enfiévrés.  Dés lors, l’engouement pour ce mix entre le Saïan Supa Crew et le G-Unit ne cesse de prendre de l’ampleur, grâce, toujours, à ce rapport trés proche avec leurs fans. Le groupe les retrouve dans leur magasins des Halles, correspond avec eux sur le net et leur offre souvent des exclusivités sur le web, comme des images de leurs coulisses ou de leurs sessions en studio. Les Wati-soldats répondent d’ailleurs tous présents sur le parvis de Beaubourg le jour de la sortie de leur 1er album, L’école des points vitaux, le 29 mars 2010, provoquant alors une véritable émeute.

 

Sexion d’Assaut – L’émeute à Beaubourg (Buzz de Ouf)

 

La force du groupe

La Sexion ne s’est pas créée en un jour. Tous ne se sont pas du tout rencontrés en même temps et n’ont pas grandi dans le rap ensemble. Pour faire court, tout a commencé avec les potes d’enfance Adama et Maska qui, en 5ème, rencontrent un certain Lefa, plus breakeur que rappeur à l’époque. L.I.O. fait ensuite partie de leur groupe Assonances. Au début des années 2000 arrive Maitre Gims. JR O Crom arrive par Gims et Doomams par Maska et Adama. En 2004 déboule le dernier membre, Black M, introduit encore une fois par un pote du tier-quar. Mais justement, le fait que le groupe se soit construit petit à petit semble les avoir encore plus soudés. Ayant appris à travailler (et même vivre, des fois) les uns avec les autres, les membres de la Sexion en ont tiré une extraordinaire force commune. Dans le groupe, tout le monde donne souvent son avis sur tout. C’est un peu cacophonique mais c’est ça, la démocratie. Tout le monde a également le droit à ses envies d’ailleurs. Et surtout, face à l’adversité, personne ne bronche. Quand la Sexion est attaquée, en octobre 2010, pour des propos jugés homophobes mal exprimés par Lefa, c’est toute la Sexion qui se défend. Et qui avance, sans oublier de s’excuser et de rencontrer des associations gays et lesbiennes pendant presque 6 mois, mais toujours la tête haute. Ce qui ne les tue pas les rend plus fort alors ils continuent leur chemin, balancent des extraits de leurs Chroniques du 75 volume 2, comme mon tube préféré, A bout d’souffle, qu’ils sortent en avril 2011 et qui est un énorme succès. Une belle leçon de puissance de la solidarité.

Sexion d’assaut – A bout d’souffle

L’omniprésence
Difficile de passer à côté de la Sexion ces dernières années. Sans parler de leurs propres tubes, comme Désolé, Wati By Night, Paris Va Bien & co…, le groupe a transformé tous les feats qu’il touchait en or. Jusqu’à l’overdose diront les rageux. Jusqu’au plaisir toujours renouvelé assènent les fans. Même quand ils n’ont pas d’actu, ils en ont quand même une. On pense à leurs remixs, celui de P.Diddy, Hello Good Morning. Celui de Selah Sue, Raggamuffin. On pense égalementà tous les morceaux sur lesquels ils apparaissent et qui ont fait groover l’été 2011 : Donnez nous de la funk sur l’album de DJ Abdel, Sahbi (Mon Pote) sur Raï’n’B Fever 4 et mon chouchou entre tous, le génialissime Blood Diamondz sur l’album des Sniper. La Sexion c’est comme le Paic Citron, quand y’en a plus, y’en a encore !

Sniper feat. Sexion d’assaut – Blood Diamondz

Entre pop et ter ter
La plus grande force du groupe, c’est leur musique, bien entendu. On a beau être les rois du buzz, quand on a ni style ni technique, on va pas bien loin. Dés leurs débuts, les membres de la Sexion ont su imposer leur style. Tout en conservant chacun leurs spécificités. Maitre Gims est le charismatique rappeur de la polyvalence, chanteur à ses heures. Lefa, la grande gueule du groupe, toujours cagoulé, offre un flow plus saccadé alors que Black Mesrime, sourire de la Joconde sur les lèvres, jongle avec rapidité avec des lyrics concepts. JR est le plus street des 7 avec un phrasé lourd et percutant, Maska est plus littéraire, Adams le roi de la punchline et Doumams est plus réfléchi, sombre et chaloupé. En plus d’une maîtrise spontanée de la technique qui étonne à chaque fois qu’ils s’offrent un freestyle, la Sexion dispose d’une particularité qui me semble expliquer, en partie, qu’un groupe de rap ait à ce point touché le grand public : son art de l’hétérogénéité ! Sur leur nouvel opus, L’Apogée, c’est encore plus flagrant. Le groupe aime jongler avec les styles et ici, c’est un peu la fête, avec des morceaux dark à L’Endurance, enchaîné avec un ragga-éléctro Africain, un bien hip-hop J’suis dans le Game et une ballade pour leurs mômans Avant quelle parte. Mélanger les genres, c’est tout un art que ces chefs cuistots maîtrisent avec un rare doigté !

Sexion d’assaut – Avant qu’elle parte

Interview exclusive « les concerts d’Orelsan »

Toutes les photos sont de la géniale ©MarionRuszniewski/www.marion-photographie.com

Lundi 6 février 2012 – Le Bataclan

3ème passage pour Orelsan dans la petite salle parisienne. 2ème fois en trois mois au Bataclan. Et c’est complet, forcément. J’allais pas louper ça quand même !

« Sèrieux, il te reste encore  des questions à me poser ? » me demande-t’il quand je le rejoins avec ma photographe (et cameraman ou plutôt iphone-woman pour l’occasion) dans sa loge, deux petites heures et demi avant sa montée sur scène.

Oui, Orel, il reste encore des (toutes petites) choses que je ne sais pas sur toi. Il est vrai qu’il fait partie de ces artistes que j’ai eu presque tous les mois au téléphone, ces dernières années (comme La Fouine, Booba ou Soprano) ou en face à face pour diverses interviews.

Le jeune rappeur caennais devenu presque parisien fait aussi partie des plus accessibles, des plus gentils et, surtout, des plus naturels et simples de la profession. Une petite interview (la première) pour mon blog, même pour peu de temps, c’était tout de suite d’accord.

Alors, pendant quelques minutes, on parle de concerts. De ses expériences des concerts des autres, des siens, de ses fans, de ses habitudes,  de ses souvenirs.

Très détendu, comme toujours ! Merci Orel !

Orelsan – ITW exclusive dans les coulisses du Bataclan

Et pour le live report, c’est ici, sur welovemusic.fr !

Orel-Raelsan vous souhaite la bonne année

HAPPY RAELSAN NEW YEAR !

Il a été l’une des révélations de cette année en rap français.
Enfin, une révélation…
Ça fait quand même quelques années qu’on connait l’animal Cannais vu qu’Orelsan a sorti son Perdu d’avance en 2009.

Son premier opus m’avait totalement enthousiasmée. Parce que cela sonnait tellement différent. Au niveau des prods, pour commencer, car Orelsan et son docteur Skread de producteur ont un goût particulier pour les mélanges pop-électro.

Ensuite, on n’avait pas entendu un blanc rapper aussi bien depuis bien longtemps. Car, on l’oublie bien souvent mais la technique d’Orelsan, même s’il ne s’en vante jamais, est vraiment excellente. Flow lancinant qui peut s’accélérer ou se teinter de chant, un peu quand il le décide.

Enfin, ses textes, écrits depuis ses 18 ans, ont forcément touché tout le monde et fait sourire. Oui, il y a eu l’incident Sale Pute, un morceau même pas sur l’album, écrit des années auparavant et qui avait été construit autour de l’histoire d’un mec qui découvre sa meuf au lit avec son meilleur pote et qui lui écrit une lettre sous le coup de l’émotion. Pour moi, pas vraiment de quoi fouetter une chienne, même de garde.

Non, le plus important chez cet Aurélien de Caen-là, c’est sa plume. Drôle, acide et toujours en lien avec son temps comme le confirmait, par exemple, l’intelligence de son morceau Changement.

Orelsan – Changement

Depuis, le beautiful looser a bien changé. Alors, ça le fait bien marrer mais ce que tout le monde a le plus remarqué, c’est qu’il a changé de coupe de cheveux. Surtout, il a encore ouvert son champ – et son chant, musical. Avec Le chant des sirènes, il a à nouveau bouleversé, cette année, l’image que le grand public a du rap. Oui, le hip-hop peut-être à la fois léger et pop d’un côté, rentre-dedans et suicidaire d’un autre. Non, il va falloir arrêter de prendre tout au 1er degré car, oui, les Mc’s aussi aiment la fiction.

Bref, Orelsan a fait kiffer le public et le public le lui a bien rendu. Du coup, il a fait un nouveau cadeau à la fin 2011 et a répondu à toutes les questions possibles imaginables via des vœux assez marrants. As usual !

Orelsan – Les voeux de Raelsan pour 2012