C2C, un grand Coup 2 Crosse dans ta face !

A chacun de leurs passages sur scène, ils nous retournent. Littéralement. Après avoir dansé comme une folle au Bataclan le 8 février dernier sur leurs beats ultra originaux, j’aimerais les présenter à ceux qui n’ont pas encore l’immense chance de les connaitre. Mesdames et messieurs, applaudissements s’il-vous-plait pour 4 des meilleurs DJ’s au monde, les C2C (Bande-son : Ooouuuuuuuaiiiiissss ! Hurlement d’une foule en délire ! Weeeppeeeeee ! Géniaaaaaaaal ! Encooooooore !)

Le 8 février dernier, j’ai eu la chance s’assister au tout nouveau show de ces grands tarés que sont les C2C (pour Coup 2 Cross). Accompagnée de ma grande copine Yasmina, immense spécialiste de Deejaying devant l’éternel (auteur du Dico du DJ) et également sublime animatrice radio sur France Inter (oui, quand j’aime, je ne compte plus les superlatifs), j’ai donc levé les bras bien haut et bougé mon body sur sons actuels et old-school d’un de mes collectifs de DJs préférés (avec les Birdy Nam Nam, s’entend…).

Ces quatre mecs-là avaient déjà défoncé mes oreilles via leurs multiples collaborations avec le groupe nantais Hocus Pocus à la fin des années 1990. Assez logique quand on sait que ce quatuor de DJ’s est composé de 20Syl et Greem d’Hocus Pocus et d’Atom et Pfel qui constituent aujourd’hui le duo Beat Torrent. En 1998, je les découvre donc sur leur morceau éponyme de l’album Seconde Formule.

Hocus Pocus – Coup de Cross

Puis ils reviennent sur l’excellent Feel Good (73 Touches) et Move On feat. Dajla sur l’album Place 54. Les fans s’enthousiasment vite via  leurs 3 vinyles de breakbeat Flyin’ Saucer sortis en 2001, 2002 et 2003.

Mais surtout, les quatre potos squattent le podium du championnat DMC (Disco Mix Club, le rendez-vous mondial des meilleurs DJs techniques) de 2003 à 2006 en raflant, chaque année, le titre de « Champion du monde par équipe. » En 2006, rebelote à l’ITF, l’International Turntablism Federation. A l’époque, ce qui impressionne, c’est l’utilisation de leurs samples de musiques brésilienne ou rétro et leur technique imparable à huit mains. Comme montré sur cette vidéo de leur set au DMC de 2005.

C2C – DMC 2005

Les quatre trentenaires ont aujourd’hui enfin décidé de se lancer dans la production et ont balancé fin Janvier dernier le géniallisime EP Down The Road. Six titres qui ont forcément un petit goût de « pas assez » mais qui sont tellement géniaux qu’on se les ré-écoute en boucle. Sur scène, les quatre lascars ont également un superbe jeu de lumières et de vidéos qui donne juste envie de crier tout du long son bonheur de retrouver ces énormes artistes. Ils font une énorme tournée dés fin mars alors ne boudez pas votre plaisir ! Et amenez aussi vos parents, ils vont kiffer!

C2C – F-U-Y-A

 

DATES TOURNEE

– 31 Mars au Creusot

– 07 Avril à Morlaix

– 08 Avril à Lyon

– 13 Avril à Strasbourg

– 25 Avril à Lille

– 28 Avril à Bourges

– 19 Mai à Bretignolles

– 25 Mai à Ramonville

– 26 Mai à Saint Brieu

– 27 Mai à Saint Laurent de Cuves

– 29 Mai à Paris – La Cigale


Azealia Banks : plus facile à écouter qu’à prononcer…

Si vous voulez vous la pêter un peu en soirée (hip-hop de préférence, en soirée rock, ça marche moyen comme ruse), glissez mine de rien les noms d’ASAP Rocky et d’Azealia Banks (enfin, si vous arrivez à prononcer son nom, déjà, pas facile…), les deux stars montantes du hip-hop US pour 2012. Après vous avoir présenté ASAP, voici donc la toute fraîche Azealia ! 

J’ai découvert cette petite bonne femme au flow acéré en même temps qu’ASAP Rocky et Mac Miller. Parce que cette nana-là est clairement l’avenir du hip-hop ricain. Déjà parce que c’est une meuf et que ça fait bien longtemps qu’on n’avait pas vu une fille porter haut les couleurs du rap. Missy a malheureusement dû prendre sa retraite, victime de la Maladie de Basedow et ses héritières font parfois un peu pitié, à l’image de Nicki Minaj, qui est presque plus fashion victim qu’artiste.

Azealia Banks souffle un énorme vent frais dans la production hip-hop en général et hip-hop féminine en particulier. Petite présentation :  à peine âgée de 20 ans, cette native d’Harlem se fait remarquer très tôt tant par la nature de ses textes que par son look orignal. Élevée par sa mère après la mort de son père, Azealia s’intéresse à l’art et plus particulièrement aux comédies musicales. Très jeune elle intègre l’institut national de la danse, puis la prestigieuse école «Guardia High School Of Music And Art» (école réputée pour avoir accueilli entre autre des élèves comme Robert De Niro, Kelis, Jennifer Aniston ou Nicki Minaj…). Après avoir joué en tête d’affiche de quelques comédies musicales, la jeune prodige plaque tout pour vivre son rêve enregistrer un disque.  Elle se sert alors de Youtube pour se faire connaitre par le plus grand nombre en postant régulièrement ses productions. En 2009, Azealia lâche son 1er maxi Gimme A Chance porté par le titre Seventeen produit par Diplo.

Après une courte pause pendant laquelle ses fans patientent en musique grâce à une reprise d’Interpol du titre Slow Hands et une collaboration sur le EP de Major Lazer. Azealia continue à faire parler d’elle avec son nouveau single 212 feat Lazy Jay en référence à Harlem. Le titre enflamme les clubs du monde entier et connait tout de suite un vrai succès, radios et blogs influents sont unanimes : Azealia Banks est l’artiste à suivre. La preuve, le NME a nommé Azealia Banks « l’artiste la plus cool de l’année » en 2011 !

Azealia Banks feat Lazy Jay – 212

Souriante et pétillante, la belle sait surtout balancer de grosses prods qui « pèguent » comme on dit dans le Sud-Ouest, c’est-à-dire qui collle au bitume, aussi lourde que du goudron qui aurait fondu en plein soleil de plomb. On dirait même du grime ou du dirty tellement c’est lourd, parfois. Et par-dessus tout ça, la jeune femme à la silhouette ultra fine, au sourire ravageur et à l’énergie étonnante, pose un flow ultra rapide, saccadé à la Snoop Dogg des meilleurs moments avec un langage de rue que l’on ne va pas traduire à nos neveux/petites soeurs/enfants de potes.

Azealia BanksL8R

Le dernier morceau qu’elle a balancé, Liquorice, rappelle clairement des morceaux du génial Tasty de Kelis !

Azealia BanksLiquorice

Son 1er EP digital prévu pour le 19 mars en réjouira plus d’un !

Je suis allée faire un tour dans la tête de Redouanne Harjane

Vu sur scène lors de la Release Party de Youssoupha (comment je me la pète trop). Gros coup de coeur à m’étouffer de rire. Redouanne Harjane est clairement la chose la plus intelligemment drôle qu’il me soit arrivée ces derniers temps. Alors je fais tourner !

J’avais déjà vu un de ses sketchs à la télé lors d’un spectacle de Jamel à Marrakech. J’avais adoré sa nonchalance, son mauvais esprit et sa petite chanson absolument affreuse où il racontait comment, petit, il faisait passer son grand-père pour un pédophile, juste pour se marrer un coup.

Redouanne Harjane – Marrakech du rire 2011

Je l’ai retrouvé le 25 Janvier sur la scène du Jamel Comedy Club, invité par le rappeur Youssoupha lors de la Release Party pour son dernier opus, Noir désir. Là, j’ai failli cracher ma bière sur mes voisins de devant tellement sa chanson d’amour carcéral, devant ce public de fan de rap, avait quelque chose de génialement décalé ! Le pire, c’est qu’il est tellement doué, l’oiseau, que sa petite mélodie au piano est restée dans ma tête et que j’ai continué à le fredonner, dans la queue du Monoprix (« ho, amour carcéral, ho ho », la tête des vieux !) pendant une semaine.

Jamel Comedy Club, un soir glacé de fin Janvier

 

Je n’ai donc pas pu m’empêcher d’emmener des potes, la semaine d’après, découvrir cet extra-terrestre de l’humour. Le froid glacé avait quelque peu refroidit les ardeurs des spectateurs et c’est en petit comité que nous nous sommes retrouvés dans la salle si chaleureuse du Comedy Club de Jamel. 1er rang oblige, on s’est fait tout petits pour éviter de se faire chambrer direct. Parce-qu’il a beau écrire ses spectacles avec une plume très assurée, ça ne l’empêche pas de bâcher tranquillement le public. Sa victime du soir (qui était aussi celle de sa très bonne première partie Noman Hosni) s’appelait Malik et avait de magnifique cheveux blond platine. Redouanne l’a donc surnommé, dés les premières secondes, « Sunshine ». Sublime.

Le spectacle est à la fois réglé comme une pendule suisse de papier à musique et assez fouillis pour nous perdre avec plaisir. Redouanne est un roi du comique de l’absurde, enchaînant les réflexions personnelles sans aucun rapport les unes avec les autres, auxquelles on rit aux éclat avec un peu de recul, le temps d’être sûrs d’avoir tout bien compris . Parce qu’en plus d’être un musicien hors pair, ce faux grincheux fait partie de ces humoristes à la plume trempée dans le vitriol et à la tête bien pleine.

Redouanne Harjane – Montreux

J’avoue, je le catégoriserais bien, pour son incorrectitude politique (non, ça n’existe pas ce mot mais moi j’aime bien) et son cynisme truculent, dans la case des dignes successeurs de Dieudonné. Faux endormi-bourré-défoncé, Redouanne assène des horreurs à la chaîne (« des fois, quand je suis énervé, je m’amuse à jeter des côtes de porcs sur les musulmans. C’est cool ! Ils brulent! ») en bafouillant. Et même ses silences et ses balbutiements sont hilarants.

Redouanne, c’est le genre de mec dont tu gardes en toi chacune de ses vannes. Et pendant des jours, dés qu’un pote lance un sujet, t’as envie de dire « oh, ça me fait penser à une vanne de Redouanne… » Mais tu la dis pas, racontée par toi, c’est tout moisi…

Mac Miller, ni Eminem ni Asher Roth !

La première fois que j’ai entendu parler de lui, oserais-je l’avouer, je me suis dit : « oh non, pas encore un joueur de basket qui se met au rap ! » Pas de risque, rien à voir avec le géant de la NBA Mike Miller (shame on me)… Ici, on a à faire à un vrai rappeur, de Pittsburgh, blanc (mais on s’en fout un peu de sa couleur de peau, non ?), qui enthousiasme les foules depuis quelques mois avec son flow impeccable, son univers 90’s un peu nostalgique et ses délires d’ados version Skins.

Malcolm McCormick connait bien ses classiques malgré sa toute petite vingtaine d’années. Sur son excellent morceau Party Fifth Avenue, il sample un beat ultra connu ! Celui de Let Me Clear My Throat, l’énorme tube de DJ Kool en 1996, qui l’avait déjà volé à The 45 King sur leur instrumental The 900 Number sorti en 1987. Vous reconnaissez certainement le saxo qui a, ici, été ralenti et retravaillé…

Mac Miller – Party on Fifth Avenue

Mais là, je prends un peu l’histoire à l’envers. Petit flash-back pour présenter le jeune homme….

Gentil gamin de Pittsburgh, qui a partagé les bancs de l’école avec son poto Wiz Khalifa, Mac Miller est un musicien autodidacte qui découvre le rap assez tôt. À 18 ans, Mail sort sa toute première mixtape intitulé K.I.D.S. (Kickin’ Incredibly Dope Shit) qui l’aide à signer avec Rostrum Records, le label, à l’époque, de… Wiz Khalifa ! Suivront quelques 5 autres tapes qui vont créer le buzz autour de ce très jeune homme. Bien dans son temps, il commence à se faire connaitre avec une série de vidéos de mieux en mieux réalisés, balancées sur le net peu avant l’été 2010. Son beat est clairement hip-hop soul avec des influences du côté de Big L, Lauryn Hill, The Beastie Boys, Outkast, A Tribe Called Quest… Mais avec de bonnes grosses touches d’electro-hip-hop comme sur son premier single survitaminé Frick Park Market.

Mac Miller – Frick Park Market

Et sinon, du côté des textes, ça parle de quoi ? Soyons honnêtes, c’est un juste milieu entre un film de Larry Clark et un épisode de la série british génialement glauque Skins. Ça parle de meufs, de cigarettes qui font rire, de skate, de grosses teufs de djeun’s et de grands moments de vide, genre branlitude extrême. Forcément, on pense à Eminem et à tous ceux qu’on a targué injustement de Slim Shady-tude : Orelsan, Asher Roth, Professor Green… C’est vrai qu’on retrouve ici la même fraîcheur, le même sens inné du second degré et la même technique impeccable.

La différence alors ? Béh, justement, c’est dans la même veine mais c’est juste du… Mac Miller ! Si vous aimez le gâteau au chocolat, vous kiffez forcément les Brownies. Hé bien, si vous aimez ce genre d’artiste, vous apprécierez forcément les 16 titre de l’excellent Blue Side Park, 1er album de Mac sorti à la fin de l’année dernière ! Avec, en plus, des morceau bien old school revisités comme ce très bon Under The Weather ou le très coulant Of The Soul. Pour le reste, je vous laisse vous jeter dessus !

Youssoupha, notre Jay-Z français ?

Oserais-je dire que c’est l’album de l’année ? Oui, parce-que c’est clairement ce que j’ai écouté de mieux depuis au moins un an en rap français ! Désolée mais le Noir désir de Youssoupha, je m’en remets pas. Et je suis pas la seule, apparemment…

On avait rarement vu un tel consensus sur le Twitter des hip-hopeurs! Depuis la sortie, lundi 23 janvier, du nouveau Youssoupha, les twitts ne cessent de tomber. Despo Rutti, Rim’K, Omar et Fred, Grodash, 20Syl d’Hocus Pocus, Tunisiano de Sniper… Tous les avis sont unanimes : Noir Désir, ça tue ! Et pour reprendre notre ami Mouloud Achour, il est clair que Youss’ signe ici son Blueprint à lui !

Qu’est-ce qui fait d’un album qu’on sent la différence avec les autres ? Bien difficile à dire. Sur les chemins du retour était un excellent opus, en 2009. Le Blédard devenu banlieusard y racontait, tel un fil rouge, son attachement à l’Afrique mais aussi ses amours déçus sur Apprentissage, son baby blues sur Le message ou ses souvenirs de MC sur 15 ans en arrière. A force de le dire et L’effet papillon sont des morceaux qui ont plutôt très bien marché.

Entre temps, il y a eu le buzz. Né de cette petite phrase dans A force de le dire, « Chaque fois que ça pète, on dit que c’est nous, j’mets un billet sur la tête de celui qui fera taire ce con d’Eric Zemmour », provoquant par la même un tollé médiatique et un procès (malheureusement perdu par notre lyriciste bantou préféré). Mais le buzz ne fait pas tout. Youss’ semble avoir acquis une nouvelle liberté. Pas de ton, bien sûr, puisqu’il ne s’est jamais censuré. Mais peut-être son départ de chez EMI pour créer sa propre structure, Bomayé Musik (Bomayé qui signifie « tue-le » en lingala) lui a ouvert de nouveaux chemins musicaux.

En tout cas, il a commencé par une géniale digitape, en 2011, En noir et blanc, avec des morceaux bien efficaces comme La foule II, Clashes, Revolver ou Rap Franc CFA, un de mes titres préférés !

Youssoupha – Rap Franc CFA

Couillu comme au moins 10 rockeurs, le rappeur n’a pas hésité à balancer comme tout 1er extrait de son nouvel opus un Menace de mort revenant directement et sans langue de bois sur le procès l’opposant à Eric Zemmour. Bénéficiant d’un clip hors pair (un concept déjà utilisé mais ultra bien réalisé quand même), ce morceau frôle le génie au niveau de l’écriture, ciselée et toujours très imagée comme de la production de Soul Children avec un violon lancinant et déchirant.

Youssoupha – Menace de mort Remix avec Sniper, Mr R et La Rumeur

On continue le carnage avec le très egotrip Irréversible, où ses qualités de rappeur sautent aux oreilles. Comme il le dit en souriant sur L’amour, le premier morceau de l’album, « bien sûr que le meilleur rappeur de France a un cheveu sur la langue. »

Youssoupha – Irréversible

Oui mais tout ça, ça fait pas forcément un Blueprint hexagonal !

Alors, qu’est-ce qu’on trouve en plus dans cet opus et qui fait de Noir désir un futur classique du rap français ?

 

1. Une énorme richesse dans les sons, des samples cainfr’, des rythmes Bollywood, de la soul, du funk. Tout ça super produit, of course, par Soul Children, Skalp et CHI.
2. Un travail d’écriture poussé à son extrême. Qui aime le rap aime les punchlines et ici, on n’a qu’à se baisser pour en trouver des dizaines par huit mesures.
3. De l’intime comme de l’egotrip ou du chanté. Youss’ tape dans tous les registres ! Il parle de son père, invite Corneille pour un pur morceau R&B, claque de grands coups de gueule sociaux ou critique le rap français actuel.
4. Il signe le grand retour de Kery James en l’invitant à la fin de son meilleur morceau, le très dubstep La vie est belle. Rien que pour ça, moi, je l’aime…