A$AP Rocky, le bad boy qui monte, qui monte…


Chaque année du hip-hop porte son lot de jeunes espoirs aux dents plus ou moins longues.A$AP Rocky a les crocs super acérés et pourrait mordre ses collègues jusqu’au sang… Alors qu’il vient de sortir son dernier clip, Wassup, où il se prend gentiment pour Tony Montana, retour sur un phénomène en devenir!

A$AP Rocky – Wassup

En 2011, l’on a donc découvert (enfin, moi, c’est mon pote Silent Hype qui m’a ouvert les oreilles) cet énergumène adepte de gros Blunts (un rappeur qui fume de la drogue, comment c’est trop original !), de Blings, de postures de super méchant Bad boy qui va te défoncer ta gueule sous peu, de poses avec des tas de Billets verts. Les 4 « B » préférés des rappeurs qui se la jouent un peu ! Bref, à l’ouest, rien de bien nouveau.

Alors je me suis penché sur son cas. Parce que, si on a vu passer son nom un peu partout sur les sites de hip-hop ricain (et français), ça devait quand même bien être pour quelque chose ! Côté parcours, toujours pas vraiment de l’inédit. Dés ses 12 ans, le jeune homme originaire de Harlem n’a plus trop vu son paternel, incarcéré pour vente de drogues. Un an plus tard, on continue dans le super joyeux, son frère ainé a été tué juste à côté de chez eux. Celui qu’on avait appelé Rakim en partie en hommage à Eric B. & Rakim se met alors très sérieusement au rap. Un peu bagarreur, il récolte le surnom de Rocky. Grand fan du gangsta rap des années 90 et du groupe de chez lui The Diplomats,  il se lance à fond dans la musique dés l’adolescence, complétant son blaze d’un A$AP pour « Accumulate Status And Power ».

Ça, c’est donc pour la petite histoire. Pour celle de la musique, il déboule au début de l’an dernier avec Get High, apologie de la fumette. Sympa, assez léger, on attend d’écouter la suite…

A$AP Rocky ft. Dee FERG – Get High

En juillet arrive Purple Swag. Le flow est si lent et lancinant qu’on dirait que le Mc a enregistré sous l’emprise de substances illicites.Couillu, quand même, quand on vient de la grosse pomme, de rapper comme un vrai sudiste ! Enfumé, le morceau se traine sur un violon fatigué et fait mal aux oreilles tant il est efficace.

A$AP Rocky – Purple Swag

Débarque ensuite le très bon et plébiscité Peso.

ASAP Rocky – Peso

Le style d’ASAP est confirmé avec sa première mixtape officielle sortie en octobre, LiveLoveA$AP. Le jeune homme aime le rap sous prod’, tout nuageux, super egotrip, qui parle de mecs fonce-dés qui s’éclatent avec des meufs et rêvent de thunes. Ça « motherfuck », ça « thug » et ça « swag » à tout va. C’est du rap un peu dérangé et, même si certains voient en lui une pâle copie de l’excellent Curren$y, ASAP défonce joyeusement tout sur son passage. Les meilleurs morceaux, les plus perchés, étant ceux qu’il signe avec son pote producteur Clams Casino. Comme ce très onirique, version nightmare, Palace.

A$AP Rocky – Palace

En attendant l’album, la tape est en téléchargement gratos. On aurait tort de se priver…

Dry déboule cagoulé !

Le nouveau D.R.Y arrive le 20 Février. « Tôt ou Tard », il va bien falloir que ce Mc d’exception rencontre enfin le succès qu’il mérite !

Ça fait partie des grandes frustrations, quand on est journaliste. Il arrive toujours un moment où l’on se passionne pour un artiste… et où l’on se retrouve un peu seul-tout ! J’avoue, moi, ça m’arrive souvent parce que je suis une grande spécialiste des coups de cœur. Et c’est encore pire quand je rencontre les artistes en question et qu’ils sont sympas. Malheureusement, en dehors de 3-4 exceptions (le récent Childish Gambino, Adèle il y a quelques années, Imany, Kanye West à ses débuts), mes grandes passions n’ont pas vraiment connues les succès publics qu’elles méritaient… Qui a vraiment entendu parler des Frer 200 ? D’Abass Abass ?  De C.Sen ? De Milk Coffee & Sugar ? De ME ? Foreign Beggars ? Graine de caf ? Hyro Da Hero ?

Pas grand monde, il faut être honnête. Mais je m’en fous, moi, je continue mon combat le poing levé, sûre de mes goûts. L’un de mes chouchous depuis des années, tout le monde le connait, c’est un membre de la Mafia K’1 Fry, du groupe Intouchable et du label Wati-B. Pour moi, c’est l’un des rappeurs les plus doués de sa génération, du fait de son passif et de son ouverture d’esprit. C’est aussi le congolais qui a le plus grand sourire et le plus grand cœur au monde (on dirait pas, mais je crois que j’ai des racines marseillaises, moi…).

Il s’appelle donc Dry, D.R.Y pour les intimes et il a sorti en septembre 2009 un petit bijou, Les derniers seront les premiers, 1er album solo très injustement passé inaperçu ! Petite présentation . Il a le physique d’un adolescent mais une carrière de warrior. Landry, 32 ans, né à Villepinte, est resté très attaché à la ville qui l’a vu grandir, Orly. Avec son physique atypique, grand et tout sec, son immense sourire qui réchauffe le cœur et sa douceur angélique, il n’était pas forcément prédestiné à devenir rappeur. C’est un peu son environnement qui a choisi pour lui. Marqué par le jeune Kery James, il a rencontré très tôt Jessy Money, Teddy Corona et, surtout, Demon One. A 18 ans, Landry devient Dry mais préfère toujours rester en second plan. Il est plus du genre à regarder les autres faire leurs freestyles et assurer les backs des autres. C’est Kery James qui, le 1er, l’oblige à poser pour de vrai sur l’album de la Mafia K’1 Fry, Légendaire, en 1999. A force d’encouragement, Dry suit ses potes Demon et MS pour former Intouchable. LA$ et Mamad, disparus aujourd’hui, font également partie des fondateurs du groupe mais suite à de nombreux incidents sur lesquels aucun membre de la Mafia n’a jamais aimé s’étendre, Intouchable finit en duo.

Dry pose sur tous les albums de la Mafia K’1 Fry et sort avec Intouchable  Les Points sur Les I en 2000, le maxi I Have a Dream en 2001, Original Mixtape et La Vie De Rêve en 2005. Demon sort Mon rap en 2007, Demons et merveilles en 2009 mais Dry, lui, n’est pas encore sûr d’être prêt à passer en pole position. Il faudra attendre l’enregistrement de son street album, De la pure pour les durs, sorti en avril 2008, pour qu’il se prenne au jeu. Le public, par ses bons retours, lui montre qu’il est finalement très attendu. Le « renoi til-gen, toujours souriant » sort alors en septembre 2009, Les derniers seront les premiers, aidé par ses potes de Wati B. Les textes sont écrits avec le cœur comme La pièce, un titre intelligent sur les SDF. Chacun de ses 22 titres est empreint d’une réalité brute et touchante. Les prods sont tout ce qu’il y a de plus éclectique, du funk dansant de Kick dur aux violons angoissants de Technik en passant par les basses électro saturées de Fidèle au poste.

Hé vous avez vu, dans le clip, presque toute la Sexion d’Assaut est dans la place !

Dry – Fidèle au Poste

Il aurait pu être quelque peu dégouté de l’accueil pas du tout à la hauteur de son talent qu’a reçu son premier bébé. Mais Dry n’est pas du genre à baisser les bras et sort, le 20 février 2012, un nouvel album Tôt ou Tard.

Les premiers extraits annoncent du bien lourd, comme cet excellent L’amiral, ici avec le clip version longue non censurée.

Dry – L’amiral
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Et surtout, le génial 2nd extrait, Cagoulé, bien sous tension!

Dry – Cagoulé

La suite au prochain numéro !

Childish Gambino, comico-DJ-rappeur aux 1000 talents

Ne vous fiez pas à cette photo, Childish Gambino adore se mettre en scène. Et non, ce n’est pas une pic’ des années 60, Donald Glover est un Mc bien d’aujourd’hui !

C’est mon coup de cœur de la fin de l’année dernière. Je l’ai découvert, un peu par hasard, sur Deezer. Son album Camp (sorti début décembre 2011 aux States) est déjà en ligne même s’il ne sortira pas, officiellement, en France, avant quelques mois. Qu’importe ! Cet énergumène-là est des plus passionnants, dans sa musique comme dans son parcours…

Après être allée fouiller un peu sur le net, je me suis rendue compte que je n’étais quand même pas la seule à avoir découvert cette petite perle puisque Pitchfork me donne raison en portant Camp aux nues.

Laissez-moi, donc, vous présenter mon petit chouchou de ce début d’année :

Donald Glover n’a absolument rien à voir avec l’acteur Danny Glover. Pourtant, son talent d’acteur n’est plus à démontrer de l’autre côté de l’Atlantique. S’il est aujourd’hui connu pour son rôle de Troy Barnes, la star du foot de la série hilarante Community, sa carrière ne date pas d’hier. Contrairement à ses amis rappeurs ricains, Donald n’a jamais vendu de crack mais est  un bon gros dealer de blagues et de bons mots depuis de longues années. A 22 ans seulement, il écrit déjà de bonnes vannes pour l’émission The Daily Show puis pour la série 30 Rock. Jeune prince du stand-up, il fait partie de la compagnie au nom déjà bien fandard, Derrick Comedy. Mais Donald Glover n’a pas qu’un seul talent. Il se cache sous différents noms pour créer sa musique des plus enthousiasmantes. En tant que producteur de morceaux originaux et ultra bien mixés, il se fait appeler Mc DJ. Ses prods sont taillées au cordeau, entre hip-hop et électro, on adore ! Toujours bourré d’humour et de sarcasmes, il aime écorcher la jeunesse américaine et parler de ses angoisses suicidaires ou alcooliques, tout comme il le fait dans la série Community.

En 2010, il sort un EP bien remarqué, Be Alone. Et le clip du morceau Freaks and Geeks démontre déjà tout le potentiel cynique et d’auto-dérision du rappeur.

Childish Gambino – Freaks and Geeks

Le petit génie sait donc aussi bien tâter du micro que des programmes de la MPC. Il a sorti son premier album, Sick Boi en 2008, puis Poindexter en 2009, les mixtapes  I Am Just A Rapper et I Am Just A Rapper 2 en 2010 et le 3ème album Culdesac la même année. En France, c’est avec l’album Camp qu’on va le découvrir.  Celui qui a créé son blaze grâce à un générateur de noms balancé sur le web par le Wu Tang Clan nous offre 13 titres tous différents, de l’angoissant Bonfire au joyeux Sunrise en passant par le plus doux et dance Heartbeat et le très enfantin, carrément R&B Kids. Le flow est ultra précis, nasillard et douloureux, faisant penser à un mélange entre Eminem et Lil Wayne. Du côté des prods, on est dans le tellement travaillé qu’on pense forcément à Kanye West ! Et côté textes, on trouve de la tendresse, de l’humour, de l’ironie, de l’analyse de notre monde actuel. C’est tellement bon qu’on aimerait pouvoir se rouler dedans.

Mon morceau préféré à moi , c’est Outside, un truc bien choral où l’on ressent vraiment bien le mélange Lil Wayne-Kayne West-Wiz Khalifa. Alors, je fais tourner allègrement!

Childish GambinoOutside

Larusso et B-Real… Sérieux ?

Ça vient de tomber.

Larusso, oui, vous savez, celle qui chantait Tu m’oublieras et qu’on s’est très très vite empressés d’oublier. Hé bien, la demoiselle fait son grand retour.

L’on pensait qu’elle allait laisser nos oreilles tranquilles et se contente de rester dans le R&B sirupeux des années 90-2000.

Mais non ! Elle arrive avec un duo des plus impressionnants. B-Real, le mastodonte de Cypress Hill, qui fume plus de oinj’ que son ombre, lui a offert un duo !

Et maintenant qu’on a le clip, on peut enfin dire ce qu’on en pense…

Laetitia Larusso feat. B-Real (Cypress Hill) – « Untouchable »

Verdict ? B-Real est vraiment bon, comme d’habitude. Mais le beat est un très mauvais mélange de hip-hop et de rock. Même Lil Wayne avait fait mieux sur son Rebirth, c’est dire ! Les solos de gratte, faut avouer, c’est juste une catastrophe. Mais ce qui vient plomber le tout, c’est quand même Larusso. Bon, déjà, rien que le fait de la voir à nouveau à l’écran, on a grave envie de se bidonner. Mais même, niveau artistique, on peut pas valider. On se serait attendu à ce qu’elle crie au moins un peu, comme elle faisait à l’époque. Non. En plus d’un très mauvais anglais, elle susurre presque ses paroles. Et la mise en scène du clip !!!! A la réal, on a Mathieu Tribes, un ex acteur de Sous le soleil. On oublie, en faveur de sa participation au sein du très bon collectif Kourtrajmé. Mais là, franchement, c’est raté ! Le côté ange déchu, mouaif… Ca manque grave de rythme. Bref, ça risque fort de rentrer en bonne place dans le génial Top 50 des Fails du rap français de Haterz (Big Up à ces mecs super drôles) !

Et juste pour le kiffe, quand même, histoire d’écouter de la bonne musique !

Cypress Hill – When The Ship Goes Down