J’avoue, j’ai piqué mon titre à Jamel Debbouze. En même temps, j’ai le droit ! Si j’étais drôle, je serais pas journaliste de rap… Ce qui ne m’empêche pas d’apprécier une bonne tranche de franche rigolade quand elle se présente. Plutôt du côté de Bedos, Desproges et Dieudonné que Bigard, Gerra ou Bosso. Et, ces derniers temps, tous les membres du Jamel Comedy Club m’ont plié en deux. Fan jusqu’au bout des zygomatiques des 8 trop courts épisodes de la série Inside Jamel Comedy Club, j’avais (forcément) déjà remarqué Dedo. Humour noir, look hors norme et beaucoup beaucoup de 4ème degré. Le Prince des Ténèbres débarque à Paris pour un nouveau spectacle ? J’en suis ! Et je ris, je ris, je ris !
Depuis quelques années, le Théâtre de Dix Heures, en plein Pigalle, est un peu l’antichambre du Jamel Comedy Club. On a pu y croiser Wahid, Yacine, Patson, Shirley Souagnon. Appartenant à Juste Pour Rire, c’est un peu le passage obligé pour ces têtes d’affiche du JCC qui s’offrent des shows en solo. Adepte de ce genre de spectacle, j’étais déjà allée faire un tour dans la tête de Redouanne Harjane pour mon plus grand plaisir (tiens, d’ailleurs, il faut que j’aille voir son nouveau show, moi…). Ayant hurlé de rire aux critiques de cinéma de Dedo, je décide d’aller voir ce qu’il donne sur scène avec une amie qui, elle, adore ses histoires racontées par des chaussettes !
Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé vu par Dédo
Rendez-vous est pris, donc, un dimanche soir à 21h30 (drôle d’horaire pour une rencontre…). Le public est vraiment très nombreux et l’attente dans la chaleur du hall est très sympathique. Le petit prix des billets draine une foule de tous âges, de tous milieux, des fans de Dedo comme de simples curieux. Chacun y va de sa petite anecdote comique (« moi, je suis allée voir Wahid, il est trop marrant en vrai! » « Si c’est bien, je pense que je pourrais emmener mes élèves ! »). Nous prenons alors place dans une petite salle plutôt confortable. Musique hard rock à fond les ballons, c’est Dedo qui arrive dans un nuage de fumée, version… hardrockeur ! C’est d’ailleurs son sujet de prédilection : l’image que les gens ont de lui du fait de son look. Ce qui donne lieu à des histoires toujours plus rocambolesques autour des clichés. Dés les premières secondes, les éclats de rire fusent. Et, même si certains moments sont plus sérieux, on ne s’arrête jamais de partager ces bons moments avec ce drôle de personnage.
Très pince sans rire, Dedo adore prendre le public à partie, quitte à l’insulter un peu. Le public adore ça, ça tombe bien. Au 1er rang, une adolescente fan de Marylin Manson et de Dedo lui crie des déclarations d’amour. Pas gêné pour un sou, le comique la tacle un peu pour le plus grand plaisir de tout le monde. C’est ça qui est sympa dans le stand up : l’interactivité avec l’artiste. On a toujours vraiment l’impression d’être proche de la personne qu’on est venue voir se produire. Bon, par contre, ceux qui pensaient voir des tours de magie à la Gérard Majax ou des rituels sataniques sur des vierges effarouchées seront déçus. Celui qui a pour maître à rire Chris Rock, Eddie Murphy, Louis CK ou le grand Eddie Izzard ne joue de son style vestimentaire que pour nous donner sa vision (trés particulière…) du couple, de sa peur de vieillir ou de son aversion viscérale pour Saw 2, 3, 4, 5 et 6 (moi aussi, Saw 6 et Saw 7 ça m’a toujours fait marrer).
Dedo – Trailer du spectacle
Vous m’avez comprise, courrez voir cet humoriste métalleux au cynisme aussi noir que ses longs cheveux !
Étiquette : jamel debbouze
Je suis allée faire un tour dans la tête de Redouanne Harjane
Vu sur scène lors de la Release Party de Youssoupha (comment je me la pète trop). Gros coup de coeur à m’étouffer de rire. Redouanne Harjane est clairement la chose la plus intelligemment drôle qu’il me soit arrivée ces derniers temps. Alors je fais tourner !
J’avais déjà vu un de ses sketchs à la télé lors d’un spectacle de Jamel à Marrakech. J’avais adoré sa nonchalance, son mauvais esprit et sa petite chanson absolument affreuse où il racontait comment, petit, il faisait passer son grand-père pour un pédophile, juste pour se marrer un coup.
Redouanne Harjane – Marrakech du rire 2011
Je l’ai retrouvé le 25 Janvier sur la scène du Jamel Comedy Club, invité par le rappeur Youssoupha lors de la Release Party pour son dernier opus, Noir désir. Là, j’ai failli cracher ma bière sur mes voisins de devant tellement sa chanson d’amour carcéral, devant ce public de fan de rap, avait quelque chose de génialement décalé ! Le pire, c’est qu’il est tellement doué, l’oiseau, que sa petite mélodie au piano est restée dans ma tête et que j’ai continué à le fredonner, dans la queue du Monoprix (« ho, amour carcéral, ho ho », la tête des vieux !) pendant une semaine.
Jamel Comedy Club, un soir glacé de fin Janvier
Je n’ai donc pas pu m’empêcher d’emmener des potes, la semaine d’après, découvrir cet extra-terrestre de l’humour. Le froid glacé avait quelque peu refroidit les ardeurs des spectateurs et c’est en petit comité que nous nous sommes retrouvés dans la salle si chaleureuse du Comedy Club de Jamel. 1er rang oblige, on s’est fait tout petits pour éviter de se faire chambrer direct. Parce-qu’il a beau écrire ses spectacles avec une plume très assurée, ça ne l’empêche pas de bâcher tranquillement le public. Sa victime du soir (qui était aussi celle de sa très bonne première partie Noman Hosni) s’appelait Malik et avait de magnifique cheveux blond platine. Redouanne l’a donc surnommé, dés les premières secondes, « Sunshine ». Sublime.
Le spectacle est à la fois réglé comme une pendule suisse de papier à musique et assez fouillis pour nous perdre avec plaisir. Redouanne est un roi du comique de l’absurde, enchaînant les réflexions personnelles sans aucun rapport les unes avec les autres, auxquelles on rit aux éclat avec un peu de recul, le temps d’être sûrs d’avoir tout bien compris . Parce qu’en plus d’être un musicien hors pair, ce faux grincheux fait partie de ces humoristes à la plume trempée dans le vitriol et à la tête bien pleine.
Redouanne Harjane – Montreux
J’avoue, je le catégoriserais bien, pour son incorrectitude politique (non, ça n’existe pas ce mot mais moi j’aime bien) et son cynisme truculent, dans la case des dignes successeurs de Dieudonné. Faux endormi-bourré-défoncé, Redouanne assène des horreurs à la chaîne (« des fois, quand je suis énervé, je m’amuse à jeter des côtes de porcs sur les musulmans. C’est cool ! Ils brulent! ») en bafouillant. Et même ses silences et ses balbutiements sont hilarants.
Redouanne, c’est le genre de mec dont tu gardes en toi chacune de ses vannes. Et pendant des jours, dés qu’un pote lance un sujet, t’as envie de dire « oh, ça me fait penser à une vanne de Redouanne… » Mais tu la dis pas, racontée par toi, c’est tout moisi…