On a l’impression que c’était hier, mais non! Wesh Morray, le morceau pas lequel le clash est arrivé ne date que de 6 mois (exactement, le 6 Septembre) ! Et si l’on dresse un petit bilan qu’est-ce qu’on a ? Des morceaux pas toujours à la hauteur, des ventes pas vraiment boostées et beaucoup beaucoup beaucoup de bruit pour rien. Ces clashs ont-ils fait du bien au rap français ? Petit bilan en images de 6 mois de « devinequicestquialaplusgrosse ».
Tout le monde connait l’histoire, on ne va donc pas revenir dessus.
Offrons-nous juste un petit rappel en dates et en musiques de ce clash qui a largement nourri les réseaux sociaux à chaque nouveau rebondissement :
– 6 Septembre 2012 : Booba sort Wesh Morray Booba – Wesh Morray
– 11 Septembre 2012 : Rohff répond avec Wesh Zoulette
Rohff – Wesh Zoulette
– 2 Novembre 2012 : La Fouine entre dans l’arène avec Paname Boss La Fouine – Paname Boss
– 23 Janvier 2013 : C’est le petit frère de Rohff, Ikbal, qui s’en mêle avec Barça, qui répond au AC Milan de Booba TLF- Barça
– 25 Janvier 2013 : Fouiny Babe en remet une petite couche avec Autopsie 5 La Fouine – Autopsie 5
– 3 Février 2013 : Booba revient à l’attaque avec TLT Booba – TLT
– 3 Février 2013 : Et voici la réponse de La Fouine, avec le même titre, TLT La Fouine – TLT
– 10 Mars 2013 : On passe aux mains, de l’autre côté de l’Atlantique. C’est flou mais on les reconnait bien ! Booba VS La Fouine et Dixon (Banlieue Sale)
– 11 Mars 2013 : Des images en plus, version Benny Hill ! Usain Bolt
– 11 Mars 2013 : Willaxxx frappe fort, comme toujours ! Willaxxx – Drôle de parking
BILAN ???
En dehors des débordements bien dégueulasses (La Fouine, un pointeur, affreuse accusation), des propos ignobles engendrés sur Twitter et Facebook (merci, le FN s’est bien fait plaisir) et de l’image abusée que ces clashs à répétition ont envoyé à un grand public, qui n’est déjà pas super fan du genre; il faut l’avouer, on s’est tous bien marré. Les artistes ont surement gagné quelques ventes mais nous, les fans de rap, on s’est bidonné avec des montages photo sur-abusés. Juste pour le kiffe, moi, j’avais envie de vous offrir un petit panorama de mes préférés (non, non, le milieu du rap n’a aucun souci avec l’homosexualité). ENJOY !
VERSION MORTAL KOMBAT
VERSION A LA QUEUE LEU LEU
VERSION BITCHES
VERSION ON S’AIME TOUS
VERSION VESTIAIRES
Et si vous en avez d’autres, je suis preneuse, je les rajouterais ICI !
On le présente comme le Gainsbourg black. C’est vrai que les ambiances des clips, des textes et même du flow de Mihuma font un peu penser à l’homme à la tête de chou. J’avoue ne pas être très fan de l’appellation « black trucmuche », gênée par l’absence de « White 50 Cent » quand on parle d’un Mc de type caucasien. Bref, je préfère fermer les yeux et écouter l’artiste. Un peu rock, un peu rauque, Mihuma m’a emporté dans ses volutes de fumée et ses délires de noceurs. J’aime les écorchés vifs. Donc Mihuma, je t’aime !
Quand on m’a parlé de Mihuma, je me suis d’abord dit : enfin un rappeur qui n’a pas un jeu de mots moisi dans son nom de scène ! Mihuma, c’est doux mais c’est aussi intrigant. Puis je me suis rappelée que j’avais déjà lu ce nom quelque part. Merci internet, j’ai vite trouvé : au sein du label Black Stamp Music, il faisait partie du casting de luxe de l’excellent album Music’All, que je vous conseille de réécouter car très injustement passé à la trappe, dans lequel on pouvait trouver Oxmo Puccino, Busta Flex, Casey, Sir Samuel…
Donc, ce slameur se lance enfin en solo. Son nouvel album s’appelle La Lettre Ecarlate (tout un programme !) et sort le 18 avril. Ce jeune trentenaire parisien, adepte de poésies sombres et de virées musicales nocturnes, dit s’abreuver de mots comme d’autres s’abreuvent de sang. On l’entend dans ses textes, cet homme est un grand amoureux de la chanson française mais il vogue aux frontières du rap et du rock indé. Sa grande expérience de la scène (on a pu le voir bruler les planches du Trabendo, du Duc des Lombards, La Villette…) lui a offert une grande aisance, comme on peut le voir sur La Vie en Face ! Mihuma – La Vie en Face
Auteur-compositeur-interprète autodidacte, il a fait ses classes aux côtés d’artistes confirmés tels qu’Oxmo Puccino, Féfé, Casey… Sa rencontre avec le réalisateur Mitch Olivier (Alain Bashung, Dax Riders, les Rita Mitsouko…) séduit par son univers, a fait le reste. J’attends donc avec impatience ce nouvel opus et, en attendant, j’avoue que je me passe un peu en boucle le clip de son titre en rouge et noir, Crimes et Sentiments. Mihuma – Crimes et Sentiments
Une bonne journaliste se doit d’avoir de multiples casquettes. Avec des amis et collègues, nous avons donc décidé de créer un nouveau concept d’interviews de rappeurs. Ça s’appelle La KassDED à, c’est diffusé sur la chaîne du rap français sur You Tube, KassDED et le 1er à nous avoir fait l’honneur de bien vouloir venir, c’est le grand Oxmo Puccino. Une immense marque de confiance dont on le remercie. Coulisses d’une interview pas comme les autres… Oxmo Puccino a toujours été un grand bonhomme dans le rap en général et avec moi en particulier. Ma première entrevue avec lui date du Cactus de Sibérie en 2004. J’étais une jeune journaliste, à l’époque travaillant pour le quotidien 20 Minutes et je n’en menais pas large. Avec sa douceur naturelle et son sourire de grand frère rassurant, il m’a tout de suite mise à l’aise. Depuis, nos chemins d’artiste et de journaliste se sont croisés une bonne dizaine de fois. Chaque rencontre me faisait l’apprécier encore plus. Ces virages musicaux m’ont tout de suite plu et, quand j’ai eu des doutes, des questionnement sur sa démarche, c’est toujours avec une grande humilité qu’il les a entendu et que nous en avons débattu. Il y a des rappeurs, comme ça, dont on ne pourrait dire du mal que sous la torture.
Alors, quand nous avons créé, avec l’équipe de la chaîne de rap français KassDED l’émission « La KassDED à », j’ai tout de suite demandé à Rico, son attaché de presse-ami, si Oxmo pourrait être notre 1er invité et, donc, notre parrain. Et la réponse à été immédiate : « bien sûr que oui! » Pourtant, le concept était risqué : je récoltais moi-même des questions d’artistes proches de lui, pas forcément sur la musique, que l’on allait lui poser lors d’une interview silencieuse et filmée en studio. C’est tout sourire que, fin août, le grand Oxmo est arrivé dans les locaux. « Je me mets ou ? Sur la chaise de cinéma floquée KassDE ? Joli… » Pas inquiet pour un sou, il se laisse guidé et lit les questions.
C’est avec beaucoup d’amusement qu’il découvre les questions de Greg Frite, Ibrahim Maalouf, Pit Baccardi ou Olivier Cachin. Aucune langue de bois mais beaucoup de poésie, d’emphase naturelle qui donnent à cet exercice un petit gout de temps arrêté. C’est au moment de la dernière question, celle d’Ibrahim Maalouf sur son héros préféré, qu’il part dans de grands gestes d’enfant !
Et c’est avec le même flegme et la même gentillesse que celui qui vient de sortir l’excellent Roi Sans Carrosse (mais vous l’avez pas encore acheté ?) repart.
Au final, grâce au talent graphique de Jérôme « Juv » Bauer, à notre wonder monteuse Charlotte Audureau, à notre chef de prod Suzanne Fremy (sans oublier celui sans qui rien n’aurait été créé, Romain Super Becker), La KassDED à Oxmo, ça donne ça :
C’est un animal un petit peu étrange, l’hippocampe. Un peu vintage. Un peu rigolo. Mais pas trop hip-hop. Sauf quand ce cheval de mer est pris comme symbole par un rappeur loufoque et poète un peu aquatique. Ce troubadour sous-marin n’a pas seulement le sens de l’humour, il a aussi celui du rythme et de bonne punchline. Du rap avec de l’eau plein les oreilles. Certains verront forcément en lui le pendant maritime d’Orelsan. C’est surtout un putain de MC !
Sa bio « officielle » dit ceci : Je suis né dans un cimetière, un jour de canicule au milieu de l’hiver. Un coup de pioche dans ma caboche fut salutaire. Mon père était un lilliputien gargantuesque effrayé par les fleurs les coccinelles et les oeufs. Il offrait en doudoune sur les plages de naturistes des gouttes de jus d’oignon ou de citron pour les yeux…
Un peu bipolaire le garçon ? Non, juste très original. Et ce genre de grand vent frais, ça fait toujours du bien. Quand le taf est bien fait. Ici, c’est le cas et depuis un certain nombre d’années. Entre Boby Lapointe, Triptik et TTC (à leurs débuts, hein…), est membre de la Secte Phonétik, de géniaux huluberlus qui ont monté un groupe 100% vocal et qui ont tous les talents ! Celui qu’on appelle aussi « le dindon », moi je l’ai découvert il y a deux ans. A l’époque, pas encore vraiment Hippocampéisé, il hébergeait un lama. Oui, un vrai lama !
Vidéo Rap – Chez moi y’a un lama
Un an plus tard (et quelques vidéos rap avec des pandas, des mentos et du coca), le revoilou avec un EP solo, Vaccin contre l’automne. Le flow est toujours aussi maîtrisé et rapide, les clips deviennent plus aquatiques et les textes encore pus aiguisés.
Hippocampe fou – Cligne des yeux
Le premier album de ce très attachant petit animal-MC est en préparation et il devrait être, selon ses mots : « kitscho, trip-hop electro-dubstepo abyssal ». En attendant, patientons en musique avec un duo toujours aussi barré avec Paranoyan !
MIAM MIAM – Hippocampe Fou & Paranoyan (Prod. Mr MaDJestyk)
Neuf ans qu’on les attendait ! Ce triptyque nous avait fait vibrer, marrer, danser et même réfléchir pendant 10 ans avant d’annoncer des projets solos en 2004. Snif, Snif, on a rangé nos mouchoirs à l’annonce de leur nouveau projet. Et quelle tuerie ! Il n’y a rien à jeter dans Depuis, leur EP de 9 titres. Dabaaz, Black’Boul et Drixxxé sont plus en forme que jamais, mâtures mais pas trop quand même. Je leur ai donc posé quelques questions pour savoir s’ils revenaient pour de bon ou s’ils allaient encore nous faire faux bond…
– 9 ans de « séparation » (d’attente, surtout, pour les fans). Pourquoi aussi longtemps ?
C’était pas vraiment voulu. Il nous fallait du temps pour digérer l’échec commercial de TR303 et la banqueroute de notre label Concilium Production qui ont conduit à cette « pause ». Personne ne sait aussi bien que nous ce qu’a coûté Triptik en terme d’investissement énergétique et/ou financier. L’indépendance à un coût et nous en avons payé le prix fort… C’est pourquoi il nous a fallu prendre du champ pour nous reconstruire individuellement et diversifier nos activités.
– Ça ne vous pas paru un peu « dangereux » de vous absenter (en groupe) aussi longtemps ?
Tant qu’aucun pronostique vital n’est engagé, rien n’est réellement « dangereux ». Encore une fois il nous fallait du temps pour digérer notre échec et il faut croire que comme l’amour, « l’orgueil a ses raisons que la raison ignore ».
– Au final, comment votre fanbase a réagi à votre retour : des reproches ou des câlins ?
L’accueil fait à notre dernier EP « Depuis » est ultra chaleureux et on n’en n’attendait vraiment pas tant. Avant l’annonce de notre EP chacun de nous 3 recevait régulièrement des témoignages d’impatience mais on ne s’imaginait pas qu’on recevrait autant d’amour. En même temps, on sait très bien que cette parenthèse enchantée ne durera pas éternellement parce qu’à mesure que les projets vont se multiplier et/ou prendre de l’ampleur, les détracteurs vont sortir du bois. C’est le revers malheureux de l’exposition et on l’accepte.
– Vous avez fini par vous retrouver en studio au moment où chacun est en plein projet solo. Pas très organisés ou vous êtes juste hyperactifs ?
La leçon qu’on a retenue de l’expérience Triptik pré-2004 c’est qu’il ne faut pas attendre après un seul et unique projet. Ce qui nous a un peu tué, c’était le fait qu’on attendait TOUT de Triptik : l’épanouissement, la réussite professionnelle et l’argent. Moralité : quand un cercle n’est plus vertueux, il devient vicieux… Par conséquent, il est indispensable de multiplier les projets pour ne pas se retrouver le bec dans l’eau. Et puis tout participe du même procédé, chaque projet individuel apporte son lot de rayonnement à Triptik.
– L’EP est très abouti mais il respire surtout la liberté surtout dans les prods (« Pas de doute », « Bande de followers », « En haut », Juste dingues). Ça vient d’ou ?
On ne s’est jamais fixé de limite dans l’élaboration de notre musique. Le hip hop a cette particularité de pouvoir transformer n’importe quel courant musical en hip hop, justement. Toutes les musiques peuvent donc devenir hip hop et comme nous aimons beaucoup de styles de musique, il était écrit que cette diversité se retrouverait d’une manière ou d’une autre sur nos disques.
– Quand on a fait chacun son petit bout de chemin, comment on fait pour se mettre d’accord sur les textes, les sons… ? C’est pas plus compliqué qu’avant ?
Bah non parce que quand on se met à créer seul, au bout d’un moment on se rend compte que la création de manière collégiale a ses avantages pour peu qu’on se fasse déjà confiance. On a beaucoup plus d’idées à plusieurs et une idée peut être affinée plus efficacement quand elle est confrontée aux critiques de personnes qu’on apprécie humainement et artistiquement. Et puis dans notre cas de figure, on a quelques automatismes entre nous qui permettent de faciliter le tout. On connait déjà nos forces et nos faiblesses respectives donc tout est plus simple. Etant donné qu’aucun de nous n’a arrêté de faire de la musique pendant cette trêve, l’alchimie qui opère quand on est tous les 3 est repartie exactement là où on l’avait laissée. Logiquement, le meilleur reste à venir haha!!!
Triptik – Papa
– Vous avez dit dans une interview que « le rap a 20 ans, c’est plus pareil qu’à 35 ans. » D’où des titres comme « Papa » ou « la moitié de moi » ? Ça n’aurait pas été possible avant ?
Disons que la fougue de la vingtaine empêche bien souvent de développer des morceaux réfléchis sur des sujets aussi particuliers que la vie de couple ou la paternité. Dans ce cas précis, l’expérience personnelle permet d’être plus pertinent dans l’écriture et ça amplifie d’autant plus le côté fédérateur du morceau concerné parce que les auditeurs se reconnaissent et s’identifient plus facilement.
– Dans « bande de followers », vous expliquez votre rapport aux réseaux sociaux. Est-ce que, ça aussi, ça a changé votre façon de voir le monde et de le raconter ?
Les réseaux sociaux ont apporté une proximité de tous les instants, il n’y a plus de distance entre producteurs et consommateurs de musique; tout le monde est potentiellement accessible. Ce procédé a ses bons côtés (encouragements en direct, plans potentiels) mais des phases nettement plus reloues comme quand quelqu’un se croit tout permis caché derrière son clavier… Comme pour toute relation humaine, tout est question de dosage et de savoir-vivre…
– Vous qui adorez la scène, dans quelle mesure et comment avez-vous construit des morceaux faciles à jouer en live ?
Wow, on ne peut pas vraiment dire qu’on paramètre nos morceaux en fonction du live. Il nous arrive même souvent de constater après qu’un morceau a du potentiel sur scène, même s’il est vrai que le choix de l’instru pèse sur l’efficacité scénique d’un titre. Néanmoins, si le titre en question n’est pas amené par un enchaînement pertinent au fil d’un concert bien souvent son effet retombe.
Triptik – Ça fait plaisir
– « Ca fait plaisir » de vous retrouver mais vous, quand vous vous êtes retrouvés pour la 1ère fois, tous les trois, à travailler ensemble sur un nouveau titre, ça vous a fait plaisir ou c’était chaud ?
« Depuis » est né d’une réelle volonté joyeuse de chacun d’entre nous de refaire du Triptik. Même si une sortie d’album, de ep, de morceau ou de clip a toujours un côté laborieux en indé, le dénominateur commun de tous les « chantiers » que nous menons ensemble (Triptik, Can I Kick it?, etc…) est désormais l’Envie.